Istoér ar mab prodig

Ar predégour

1-Chelaouet oll gristénion

Ha dreist oll hwi péherion

Istoér trist ha konfortuz

Ar mab prodig, mab divad

Revo eidoh talvouduz !

èl-man é komz doh é dad.

 

Ar prodig

2-Me chonj é mond de viùein

digabestr, èl ma karein.

Rannet béan an traoù, me Zad,

ha reit dein me lod dañé.

Mem breur a chomo merhad.

D'ur vro arall éh ein mé.

 

An tad

3-Me mab, pelleit ar chonj-sé,

pellet ean, péhed vehé

Ohpenn hoah hwi hrehé gloéz

de gérent, d'amied vad,

eidon-mé, na péh ur groéz !

N'ho laoskein ket d'em guitad.

 

Ar prodig

4-Ne vern ged più é vo ké,

rédeg bro a fall dein-mé.

Koll poén a hret ged ho tar,

é klask troein me volanté.

Me fall dein madoù an douar :

ne zoujan na diaoul na Doué !

 

An tad

5-Eid gober ker braz poén dein

a betra hues d'um glemmein ?

En ho tistéran dobér

ha n'em-es ho tilézet ?

N'em-es groeit én ho kevér

a wellan m'em-es gellet.

 

Ar prodig

6-Ne hran forh a garanté

pe bouiz ar yaù àrnon-mé :

aveid an distéran tra

hwi hra trouz, hwi bredeg dein ;

mall braz é kuitad enta

eid biùein él ma karein.

 

An tad

7-Kenavo, kêh aheurtet,

kenavo, krouédur dallet !

Merùel a hrein ged glahar

doh ho kwéled é kuitad.

Pé n'arsaùo ket an dar

a loskein men daoulagad.

 

Ar prodig

8-Pinùig on : éz vo biùein

ér vro-man, èl ma karein.

Tosteit, tud a blijadur,

hwi a vo me amied.

Hoari gaer vo a dra sur...

Deit oll, paotred ha merhied.

 

Ar predégour

9-Chetu ho limaj, péhour,

èlsé é hret d'ho Krouéour.

Doué  a ra deoh é vadoù

ha hwi, èl ur mab divad

hwi um daol d'ar péhedoù

é léh en trugérékad.

 

Ar prodig

10-Aman, m'hello heb mezur

Um hoalhein a blijadur.

Ar boulom a zo ré bell

eid luiein me volanté.

Deverram oll gwell ar well,

groam hoari gaer noz ha dé.

 

Ar predégour

11-Ma dé ho chonj gobér fall

perag klask troein ar ré-rall ?

Mad oh de rein fall aviz,

med ne vennet andurein

na tad, na tud iliz

na dén d'ho tifariein.

 

Ar prodig

12-Hoari, filaj ha balé

fest ha kroll a zo bamdé !

A ! ér gér éh oen dalhet :

red é chanjein penn d'ar vah !

Me venn me lod joé ér bed

ne vern petra vo àrhoah.

 

Ar predégour

13-Hwi a chonj, p'ankouéhet Doué

en ho ankouéha eùé.

E sell zo àrnoh berped,

berped éma engorto

é tei ar mab fariet

de gavouid é Dad éndro.

 

An tad

14-Menn éma me mab, men Doué ?

Più a rei dein é zoéré ?

Birùikén n'en ankouéhein :

ur mab a garan kement.

D'er gortoz, én ur ouilein,

éh an bamdé àr an hent.

 

Ar prodig

15-Chetu rah an traoù chanjet !

Kerteri zo dégouéhet.
Eidon-mé duah doh chervad

an taol a zo ponnéroh.

red é dein mond de hoprad

ha hoah aveid gouarn ar moh.

 

An tad

16-Pesort chonj moned elsé

de zismant oll é zañé !

Ean a gredé boud euruz

é ober d'é faltazi.
Med kouéh a hrei maleuruz

ker pell doh treuzoù me zi.

 

Ar prodig

17-M'em-boé amied eroalh

Tré m'em-boé argand ém yalh.

Breman pen don én dobér

Divot, nuah ha marù ged naon,

ged herr dohein é peller

hag é hrer goap ahanan.

 

Ar predégour

18-Henneh é stad ar péhour

a pe dro kein d'é Grouéour !

Ar lorbour péhed marùel,

é léh plijadur grateit

en taol én ur stad izél

ha liéz édan an treid.

 

Ar prodig

19-Ar moh a hra évi dein.

O-des o goalh de zèbrein !

Eid boud groeit fest gwezharall,

kastiet on ged an naon,

maleuruz, ha dré men goall,

goah eid ar moh a houarnan !

 

Ar predégour

20-Brasan laer ar hêh péhour

a zo ar péhed treitour :

grès Doué, buhé an inéan

trézol kaer é véritoù,

traoù an douar mém liésan,

a goll dré é béhedoù.

 

Ar prodig

21-Med perag chom én dobér

a p'em-es un tad ér gér ?

Bugul me zad en-des bouid,

m'em-bo mé eùé geton.
Me yei, ged méh d'er havouid

ha me vo meùel dehon.

 

Ar predégour

22-Saùet hwi eùé, péhour

kuiteit skavaj an treitour.

N'ho-pet na méh na doujans

dirag dén é chanj buhé.

Deit éndro ged konfians.

Doué ho korto ged truhé !

 

Ar prodig

23-O me zad, doh ho taoulin

en-em daolan ged ankin.
Eneb deoh, éneb d'an néañv

divalaù em-es péhet.

Boud meùel a houlennan

én ti em-es dilézet !

 

An tad

24-Saùet, saùet, boket dein.

Eid mab en ho kemérein :

ho kwéled ér boén vrasan

a gresk hoah me haranté.

Ne chom ket mui droug énnan

ne chom énnan meid truhé.

 

Ar prodig

25-Allaz ! Ne véritan mui

an anù a vab én ho ti.

E-mesk ho serviterion,

lakeit-mé an izélan.

Me verito me fardon

ahoél me dorro me naon.

 

An tad

26-Meùel, dégaset botoù

D'em hrouédur, hag é vizoù

gwisket dehon ged fians

é sé vraù a wezharall

hag ar merchoù a noblans

kollet dré é vuhé fall.

 

Ar prodig

27-Me zad, me zad laosket mé

de viùein ar beuranté :

àrlerh ur vuhé kabluz,

red é gobér penijenn

laosket ar péhour méhuz

de ouilein é unan penn.

 

An tad

28-Aléjet ar pred gwellan

Groam fest d'em mab yaouankan,

d'é varù em-es pell ouilet,

chetu ean deit é buhé.

Deit, kérent hag amied

bét lodeg ém leùiné !

 

Ar predégour

29-Elsé vo groeit deoh péhour

mar det éndro d'ho Krouéour?

Digor é eid ho reseù

é zivréh hag é galon.

Tosteit d'ar sakramantoù.

Hwi ho-po peah ha pardon.

 

 

An oll d'ur voéh

30-Ar on daoulin, péherion

goulennam enta pardon.

A me féhedoù, men Doué

M'em-es glahar hag ankin.

Hwi a vo me haranté

a vreman de virùikén.

 

 

 

 

Le prédicateur

1- Ecoutez tous, chrétiens,

et vous surtout, pécheurs,

l'histoire triste et consolante

du fils prodigue, mauvais, fils :

qu'elle vous soit utile !

Il parle ainsi à son père :

 

Le prodigue

2- J'ai l'intention d'aller vivre

libre, comme je voudrai :

partage vite tes biens, mon père,

et donne-moi ma part ;

mon frère restera sans doute,

moi j'irai dans un autre pays.

 

Le père

3- Mon fils, éloigne cette idée,

éloigne-la, ce serait une faute.
De plus tu affligerais

ta faille et de bons amis ;

quant à moi, quel calvaire !

Je ne te laisserai pas me quitter.

 

Le prodigue

4- Peu m'importe que le regrette,

moi je veux parcourir le pays ;

tes larmes sont peine perdue

à essayer de me dissuader...

Je veux les biens de la terre,

je ne crains ni µDieu ni diable !

 

Le père

5- Pour me faire si grande peine

de quoi as-tu à te plaindre ?

T'ai-je délaissé

dans tes moindres besoins ?

N'ai-je pas agi à ton égard

du mieux que j'ai pu ?

 

Le prodigue

6- Je ne me soucie pas d'amour

quand le joug pèse sur moi :

pour la moindre chose

tu tempères, tu me sermonnes.

Il est donc grand temps de partir

pour vivre comme je voudrai.

 

Le père

7- Au revoir, pauvre obstiné,

au revoir fils aveuglé !

Je mourrai de chagrin

en te voyant partir !

Où mes larmes ne cesseront pas

de brûler mes yeux.

 

Le prodigue

8- Je suis riche, il me sera facile de vivre

dans ce pays, comme je voudrai ;

approchez gens de plaisir,

vous serez mes amis ;

on s'amusera bien, sûrement...

Venez tous, garçons et filles !

 

Le prédicateur

9- Voilà votre image, pécheurs,

vous agissez ainsi envers votre Créateur ;

Dieu vous donne ses bienfaits,

et vous, comme un mauvais fils,

vous vous jetez dans le péché

au lieu de le remercier.

 

Le prodigue

10- Je pourrai ici sans limite

avoir mon content de plaisir,

le bonhomme est trop loin

pour aller contre ma volonté ;

amusons-nous de mieux en mieux,

divertissons-nous jour et nuit.

 

Le prédicateur

11- Si vous avez l'intention de mal faire,

pourquoi essayer d'entraîner les autres ?

Vous êtes bon pour donner de mauvais conseils

mais vous ne voulez supporter

ni père, ni gens d'Eglise

ni personne pour vous détromper.

 

Le prodigue

12- Il y a tous les jours jeu, veillée

et promenade, fête et danse !

Ah ! On me retenait chez moi :

Il faut changer cet état de choses !

Je veux ma part de joie sur terre,

qu'importe ce que sera demain.

 

Le prédicateur

13- Vous pensez, quand vous oubliez Dieu, qu'il vous oublie aussi :

son regard est toujours sur vous,

il attend toujours que son fils égaré

revienne trouver son Père.

 

Le père

14- Il est mon fils, mon Dieu ?

Qui me donnera de ses nouvelles ?

Jamais je n'oublierai

un fils que j'aime tant...

Je vais chaque jour sur la route

l'attendre en pleurant.

 

Le prodigue

15- Voici que tout a changé !

La famine est arrivée :

Pour moi, habitué à la bonne chère,

le coup est plus grave ;

je dois aller me gager

et encore, pour garder les porcs !

 

Le père

16- Quelle idée d'aller ainsi

dissiper toute sa fortune.

Il croyait être heureux

en agissant à sa fantaisie ;

mais il tombera, malheureux,

si loin du seuil de ma maison !

 

Le prodigue

17- J'avais assez d'amis tant que j'avais

de l'argent dans ma bourse ;

maintenant que je suis dans le besoin

sans chaussures, nu et mort de faim,

de moi, on s'éloigne en hâte

et on se moque de moi.

 

Le prédicateur

18- Celui-là, c'est l'état du pécheur

quand il tourne le dos à son Créateur !

Le péché mortel séducteur,

au lieu du plaisir promis, le rabaisse

et souvent plus bas que terre.

 

Le prodigue

19- Les cochons me font envie...

ils ont à manger leur content !

Pour avoir jadis fait le fête,

je suis puni par la faim

malheureux et, par ma faute,

plus mal que les porcs que je garde.

 

Le prédicateur

20- Le plus grand voleur du pauvre pécheur est ce traite de péché :

la grâce de Dieu, le vie de l'âme,

le beau trésor de ses mérites,

et même souvent les biens terrestres,

il les perd par ses péchés.

 

Le prodigue

21- Mais pourquoi rester dans le besoins

quand j'ai un père chez moi ?

Le berger de mon père a de quoi manger,

J'en recevrai de lui aussi,

j'irai, avec honte le trouver,

et je serai son serviteur !

 

Le prédicateur

22- Relevez-vous aussi, pécheurs,

quittez l'esclavage du traître ;

n'ayez ni honte ni crainte

de l'homme qui change de vie ;

revenez avec confiance :

Dieu vous attend avec pitié.

 

Le prodigue

23- Mon père, je me jette

avec douleur à tes genoux ;

j'ai gravement péché

contre toi, contre le ciel ;

je demande à être serviteur

dans la maison que j'ai abandonnée.

 

Le père

24- Lève-toi, lève-toi, embrasse-moi,

c'est comme un fils que je te reçois ;

Te voir en grande peine

augmente encore mon amour ;

il ne reste plus de colère en moi,

il n'y reste que de la pitié.

 

Le prodigue

25- Hélas ! Je ne mérité plus

le nom de fils dans ta maison ;

mets-moi le plus bas

parmi tes serviteurs ;

je mériterai mon pardon,

du moins j'apaiserai ma faim.

 

Le père

26- Serviteur ! apporte des chaussures

à mon enfant, et ses bagues ;

mets-lui avec confiance

sa belle robe d'autrefois,

et les marques de noblesse

perdues par sa vie mauvaise.

 

Le prodigue

27- Mon père, mon père, laisse-moi

vivre dans la pauvreté :

après une vie coupable

il me faut faire pénitence ;

laisse le pécheur honteux

pleurer tout seul.

 

Le père

28- Préparez le meilleur repas,

faisons fête à mon plus jeune fils ;

j'ai longtemps pleuré sa mort,

le voici revenu en vie :

venez parents et amis,

prenez part à ma joie !

 

Le prédicateur

29- Qu'il en soit ainsi pour vous, pécheurs,

si vous revenez vers votre Créateur,

ses bras et son cœur

sont ouverts pour vous recevoir,

approchez-vous des sacrements ;

vous aurez paix et pardon.

 

 

Tous d'une seule voix

30- "A genoux, pécheurs,

demandons pardon :

j'ai chagrin et regret

de mes péchés, mon Dieu ;

tu seras mon amour

dès maintenant pour toujours !"